Résumé
Ce texte décrit comment on peut appréhender et analyser les effets psychiques et sociaux (déviance, imitation, créativité, rejet) des cultures musicales dites « extrêmes », chez les groupes « jeunes » (12-30 ans). Ces musiques sont fortement provocantes ou assez extrémistes soit dans les messages et les idéologies diffusés, soit dans les formes sonores utilisées (rap hardcore ou gansta, techno et rock hardcore, gabber, black et trash metal, oï!) et appartiennent au champ de recherche sociologique des cultures populaires et électro-amplifiées. Dans une première partie, le lien entre « violence rituelle » et « déviance » est examiné. Il s’agit de savoir si la déviance, comme mode de vie, est accrue et si elle est plus diffusée, voire incitée, par l’action mentale de ces styles. Ensuite, on s’interrogera sur les processus de diffusion (normalisation, conversion) qui tendent à rendre (in)audibles et (in)acceptables ces styles. On verra alors que leur normalisation fait quand même passer certains contenus ou les rends accessibles en mémoire pour que des explorations plus spécialisées soit effectuées par les cibles d’influence. En fin d’article, on présentera comment et pourquoi le soutien aux cultures underground est institutionnalisé en France et on commentera les axiomes et éléments d’idéologie implicites de ce type de politique publique culturelle. L’idée qu’un mouvement de transformation sociale serait issu de ces pluralités de parole est commentée : est-ce que des porte-parole de leur « soi » peuvent prétendre à un tel but ? Les effets éducatifs implicites de ces multiples micro-initiatives culturelles sont estimés comme étant presque aussi puissants et indirectement actifs que ceux explicitement présents dans les institutions scolaires.
Mots clé: effets psychiques et sociaux, cultures musicales, idéologies diffusés, la déviance, cultures underground