Résumé
Dans les années 1920-1925, chacun à leur manière et par des voies différentes, Eugène Minkowski et Françoise Minkowska vont élaborer, à partir d’une expérience clinique étendue menée sur le terrain psychiatrique, les fondements théoriques de la méthode phénoméno-structurale en psychopathologie. Pour le premier, l’approche phénoménologique du langage ainsi que l’étude approfondie des attitudes des patients psychiatriques comprises dans leurs dimensions psychomotrices et psychologiques, pour la seconde, la convergence de fond qui relie et unifie certaines inflexions de la personnalité normale et pathologique au sein de constellations familiales, vont conduire ces deux chercheurs et praticiens à une conception commune des constantes de base qui donnent forme et cohérence aux organisations humaines individuelles. La notion de structure mentale s’impose à eux pour définir cette constellation stable dont ils vont décrire les chemins d’accès à leurs principes d’organisation interne et à leurs modalités d’extériorisation. La structure de personnalité se dévoile et se réalise ainsi à travers toutes ses dispositions expressives, en particulier dans le langage. Alliée à l’examen minutieux des manières spécifiques de s’accorder au temps et à l’espace vécus, leur analyse constitue un point de départ pour la découverte des mécanismes essentiels du lien et de la coupure ainsi que des compensations phénoménologiques qui en livrent certaines clés compréhensives, permettent de saisir l’unité des processus pathologiques et psychologiques et conduiront plus tard à la mise en relief des principes qui régissent leur évolution. Le parcours historique des constituants initiaux de cette méthode coïncide avec une réflexion épistémologique sur le développement des principaux concepts qu’elle a forgés, qui appelle à une perspective ouverte sur les fondements, l’objet et l’avenir même de la psychopathologie.
Mots clé: épistémologique, méthode phénoméno-structurale, personnalité normale et pathologique, réflexion